« Une spiritualité sans passé »

Nous sommes tous conditionnés par des siècles de préceptes religieux et moraux auxquels s’ajoutent les croyances plus récentes des nouvelles spiritualités autant que de la religion laïque. Notre regard sur le monde et sur nous-mêmes est constamment déterminé par ces conditionnements. Nous ne sommes pas libres de voir le réel ; de réaliser qui nous sommes vraiment ; de connaître nos désirs, nos motivations et nos vocations; d’évaluer la justesse de nos actions et de nos choix, voire notre potentiel humain.

Quoi que nous fassions sous l’emprise de ce conditionnement, nous ne progressons pas. Ce sentiment de « tourner en rond » est général en Occident où le désir de « se connaître » est aussi fort que la confusion est totale, où le besoin de sonder les mystères de l’existence est noyé dans les constructions mentales les plus disparates, où le souhait de voir évoluer nos sociétés se confronte à des « réflexes (in)humains » que la famille des hommes semble incapable de dépasser.

Sans une « mise à plat » de tous nos systèmes de croyances, même ceux qui nous semblent a priori les plus légitimes, ce sentiment ne peut que persister et la nature essentielle de la spiritualité reste perdue, les efforts collectifs pour mieux « vivre ensemble » sont des échecs.

Cet ouvrage invite à cette mise à plat radicale, pratique et salutaire, de nos croyances afin de revenir à une spiritualité sans passé dont l’authenticité et les implications ne nous feront pas regretter ces anciens mirages.

Extrait :

Au XXIe siècle, la majorité de ceux qui s’intéressent à la spiritualité et à la religion sont des « croyants ». Ils croient en quelque chose qu’ils n’ont pas vérifié eux-mêmes. C’est un « acte de foi » qui repose sur la confiance en une autorité spirituelle individuelle ou une tradition et à leurs dogmes et principes.

Ces croyants adhèrent à des « constructions mentales » (comme la description d’un paradis après la vie terrestre, d’un état de grâce dans cette vie-ci, d’une réalité transcendantale invisible mais qu’il faudrait vénérer, etc.) qui motivent leur engagement et leurs actions. Le fait que des autorités différentes décrivent des paradis, des états de grâce et des réalités transcendantales très différentes n’a pas encore ému ces croyants au point de leur faire douter de la validité de ces constructions mentales. Ils croient que leur construction d’une promesse spirituelle est la bonne et que l’autorité qui l’a si minutieusement exposée est, évidemment, la mieux inspirée.

Ce phénomène, aussi ancien que l’humanité, n’a pas été ébranlé par les attaques virulentes des rationalistes, des athées et de tous ceux qui se sont révoltés contre les spiritualités dogmatiques, coupées du réel.

Il semble y avoir une raison profonde à cet attachement aux « croyances » qui constitue l’essentiel de la religiosité aujourd’hui. 

Les objectifs tiennent une place prépondérante dans la démarche religieuse : il faut agir d’une certaine manière pour mériter quelque chose dans l’avenir. Cette mobilisation de l’attention des croyants sur le comportement et le futur fait comme un socle immuable sur lequel reposent les institutions. Les croyants les plus motivés s’appliquent à se comporter de manière conforme et à espérer qu’ils mériteront le cadeau qui leur a été promis. 

Contrairement à certaines apparences, cette attitude n’est pas limitée aux anciennes religions les mieux établies et les plus reconnues. Même si les nouvelles expressions de la spiritualité semblent moins rigides en apparence ou ont développé des concepts et des postures plus originales, il reste que le comportement du croyant repose toujours sur ce socle commun : « J’agis d’une certaine façon pour obtenir quelque chose que je ne vois pas mais qu’on m’a promis et en quoi je veux croire ». Un catholique ajustera son comportement aux préceptes de sa religion afin de pouvoir gagner le paradis des chrétiens. L’action du catholique pour mériter ce futur glorieux est reconnaissable, elle est inspirée par des valeurs bien connues dans notre civilisation. Depuis la moitié du XXe siècle, les spiritualités d’inspiration orientale ont été l’objet d’un certain engouement pour les jeunes générations. On pourrait penser qu’elles ont révolutionné le socle commun des religions, débarrassé les croyants de leur engagement aveugle, inspiré à une exploration plus consciente de la vie intérieure plutôt qu’à l’adhésion irréfléchie à des principes intellectuels. On peut constater qu’il n’en est rien (…)

Le fait est qu’il n’existe pas aujourd’hui de démarche spirituelle qui ne soit fondée sur une « croyance intellectuelle » et un « futur hypothétique ». La cause de ce système qui sclérose toutes nos spiritualités est assez simple : l’espace même de l’expérience de toute spiritualité nous effraie et toute l’attention des croyants se porte ailleurs pour l’éviter. 

Ce livre propose que nous portions notre attention vers ce lieu essentiel, non pour créer une nouvelle action sur la base d’une nouvelle croyance et dans un objectif à venir, mais pour l’exploration en direct et sans idée préconçue de la substance même de la vie. Posons-nous cette première question : existe-t-il un meilleur endroit que notre « vie intérieure » pour connaître réellement ce que nous sommes, ce que nous vivons, de quoi nous sommes capables et notre potentiel ? Et une question corollaire : notre vie intérieure n’est-elle faite que de pensées, de concepts et de croyances ou sommes-nous passés à côté de quelque chose ?  



Disponible uniquement en format PDF

96 pages

ISBN 9782914800235   EAN 9782914800235

Édition : juin 2011

Prix de vente public TTC : 5,00 €

Auteur : Thierry Vissac – Peinture de couverture : Soline

 

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